La paix et la tranquillité règnent dans la région depuis l’établissement du Consulat. L’examen attentif des documents conservés dans les archives communales montre que nos compatriotes, très attachés à leur sol, ne l’ont quitté que pour accomplir leur service militaire. Les changements de régimes qui ont si profondément troublé le pays de 1804 à 1870, les ont laissés indifférents ; aussi les magistrats municipaux et autres ont-ils toujours prêté le serment de fidélité aux divers gouvernements qui ce sont succédés. Est-ce à dire que les Cévenols flottent à tout vent de doctrine ? Non, et l’on peut appliquer à nos montagnards, protestants pour la plupart, ce paroles prononcées le 21 messidor an 5, à la tribune des cinq-cents, par Boulay (de la Meurthe). « … Il est inutile de parler ici de la secte juive, trop faible et trop pacifique pour donner de l’inquiétude.  Les protestants doivent moins encore inspirer de  craintes : leurs principes sont favorables à l’esprit de liberté religieuse et politique ; ils sont les principaux auteurs de la résurrection et de l’établissement de la liberté morale, politique et civile dans tous les états où elle est plus ou moins réalisée ; la liberté française n’eut pas de zélateur plus constants et plus empressés ».

Fidèles à leur origine, les habitants de la Vallée borgne sont, depuis longtemps déjà, de sincères républicains. On peut dire d’eux que, vivant sur un sol ingrat, ils ont fait leur terre. Comment ne serait-on pas touché de l’ardeur qu’ils apportent à soigner leur maigre héritage ! Leur amour du travail, leur goût de l’épargne et leur sobriété font de ces hommes robustes, intelligents et droits une sorte de réserve d’élite pour la Patrie. Nous souhaitons que cette modeste étude contribue à faire connaître et aimer leur pays, ce coin trop ignoré de notre France.