J'en étais à cette époque à plancher sur ce qui était réel ou non, quand je rencontrai Noëlle, auprès de qui je m'enquis: -Comment distinguer le penser subjectif du penser objectif ? Ce à quoi, douce et souriante, Noëlle répondit:- Vaste et réel sujet d'étude Noémie. Nous dirons que la pensée subjecctive est marquée de jugements, toutes sortes de jugements, même infimes, alors que la pensée objective en est délivrée, ce qui la rend neutre, parfois bienveillante. Les voiles de la conscience sont grands, et les illusions de l'égo dévorantes, qui répondent surtout aux besoins primaires de l'être humain. Voilà tout." Avec sa production d'images et de jugements à gogo, la pensée subjective fait obstacle à la circulation de la pensée pure, objective. Or l'égo n'en demeure pas moins au service de la description de la pensée dans son mouvement permanent à embrasser la vie, ce verbe conviant à saisir par l'esprit, par l'imagination, par le regard, par l'activité; à adopter. Voici un roman où, après avoir été saisie d'une vision réelle du monde de la pensée et de l'être, Noémie dresse le bilan de son vécu. Ayant vérifié que ce qui procède de la conscience peut être élucidé par la conscience, elle n'a d'autre alternative pour atteindre à la pleine intuition des Essences, que de s'expliquer avec Noëlle. Ce dialogue entre deux co-équipières, alternant thèse et antithèse-dédoublement alternatif de la conscience ?-Atteste d'une méthode éprouvée d'accès à Soi. Mais qui est Noëlle ?
Par l'appel à l'objectivité exposé au détour d'un style qui échappe aux normes esthétiques contemporaines, ce septième roman est un long chemin vers la réalisation verticale. Et si nous avions toujours su ce que nous ne savons plus ? Un proverbe dit que quand on connaît la fin de l'histoire, on a du mal à en comprendre le début ...